La municipalité de Berchères-sur-Vesgre (28) conserve une collection importante d’ouvrages anciens. Parmi ceux-ci au moins 137 volumes – sans doute davantage – portent l’estampille « Bibliothèque communale de Berchères-sur-Vesgre », soit 29 % des ouvrages recensés par la mission patrimoine. Cet établissement fut fondé en 18701. En revanche, nous ne savons quand il ferma ses portes ni même si une bibliothèque de lecture publique lui succéda immédiatement après. En l’absence de recherches en archives, l’étude matérielle des livres subsistants fournit des précieuses informations sur cet établissement aujourd’hui disparu.
![](https://patecritcvdl.hypotheses.org/files/2022/03/20211115_112957-scaled-e1646819334512-235x300.jpg)
Estampille “Bibliothèque communale Berchères s/ Vesgre”
La composition du fonds
La collection actuellement conservée se divise en deux types d’ouvrages – les documentaires et les œuvres de fiction – eux-mêmes subdivisés en plusieurs genres :
1/ Les livres « documentaires » regroupent :
- l’histoire (Véron, Eugène, Histoire de la Prusse depuis la mort de Frédéric II jusqu’à la bataille de Sadowa, Paris, Librairie Germer-Baillière et compagnie, 1880),
- l’agriculture (Calemard de la Fayette, Ch., L’agriculture progressive à la portée de tout le monde, Paris, Librairie de L. Hachette et compagnie, 1867),
- la géographie (Meunier, Hippolyte, Le docteur au village, Entretiens familiers sur la géographie industrielle de la France, Paris, Sandoz et Fischbacher, 1875),
- la santé publique (Jolly, Paul, Le tabac et l’absinthe, leur influence sur la santé publique, sur l’ordre moral et social, Paris, Librairie J.-B. Baillière et fils, 1875),
- la citoyenneté (Simon, Jules, Le livre du petit citoyen, Paris, Librairie hachette et compagnie, 1885),
- l’enseignement scolaire (Desprez, C., Eure-et-Loir, L’éducation de l’enfant à l’école primaire, rapport des instituteurs, Chartres, Imprimerie Edouard Garnier, 1882).
2/ Les œuvres de fiction se composent de :
- pièces de théâtre (Molière, Chefs-d’œuvre de Molière, I, Le misanthrope, Le médecin malgré lui, Le tartufe, L’avare, Paris, Librairie hachette et compagnie, 1879),
- romans (Cooper, James F., Œuvres de J. F. Cooper, Le Dernier des Mohicans, Paris, Garnier frères – Jouvet et compagnie),
- contes (Perrault, Charles, Contes, premier volume, Paris, 1901).
Les vestiges de la collection de livres de la bibliothèque communale de Berchères-sur-Vesgre reflètent parfaitement le rôle dévolu aux bibliothèques populaires à partir des années 1860, à savoir instruire et divertir les populations dites « laborieuses ».
La constitution du fonds
Comment le fonds de livres de la bibliothèque communale de Berchères-sur-Vesgre fut-il formé et enrichi ?
![](https://patecritcvdl.hypotheses.org/files/2022/03/20211115_114211-scaled-e1646819427911-229x300.jpg)
Inscription “Ministère de l’instruction publique” sur un plat supérieur
Le Ministère de l’instruction publique a apporté une aide au développement de la bibliothèque par l’attribution et l’envoi d’ouvrages, selon une pratique courante à l’époque. 12 volumes portent ainsi l’inscription « Ministère de l’instruction publique » sur leur plat supérieur, indiquant qu’il s’agit de concessions ministérielles.
![](https://patecritcvdl.hypotheses.org/files/2022/03/20211115_105400-scaled-e1646819723313-193x300.jpg)
Etiquette “Lecture universelle / abonnement de lecture” collée sur le plat supérieur
Plusieurs ouvrages arborent l’étiquette et/ou l’estampille « lecture universelle. Abonnement de lecture » ainsi que sur leur premier feuillet le tampon « G. de Graët-Delalain / Salon littéraire national… ». Le Salon littéraire national fut fondé à Paris par George de Graët-Delalain (1841-1921) à la fin de l’année 1870. Il s’agissait d’un cabinet de lecture – ou maison d’abonnement – où chacun pouvait emprunter des livres, mais où la lecture sur place était interdite. Plusieurs cabinets « Salon littéraire national » essaimèrent, notamment à Paris, et cette société fut renommée par la suite « Lecture universelle »2. La bibliothèque communale de Berchères-sur-Vesgre appartenait-elle à ce réseau ? Profita-t-elle de dons ou réalisa-t-elle des achats auprès de cette société ?
Enfin, la bibliothèque bénéficia-t-elle de dons de particuliers ? D’achats municipaux ? Une étude des catalogues de l’époque permettrait de répondre à ces questions.
Plus largement, il resterait à comprendre comment fonctionnait cette bibliothèque (horaires d’ouverture, nombre de bénévoles, tenue d’un catalogue).
- Marie-Claude Pasquet, Mission sur les fonds patrimoniaux de la région Centre, Eure-et-Loir, CRL-Centre, 2003, p. 26. [↩]
- Gustave Fustier, « Le Livre à Paris », dans Le Livre, bibliographie moderne, quatrième année, septième livraison, 10 juillet 1883, p. 433. [↩]
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
William Trouvé (9 mars 2022). La bibliothèque populaire de Berchères-sur-Vesgre (28). Patrimoine écrit en Centre - Val de Loire. Consulté le 15 janvier 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/sr0e